Discipline : Anthropologie sociale. Birkbeck University, University of London.
‘Dealing with Harm in the Aftermaths of Sexual Violence in the Seine-Saint-Denis (France).’
Ma thèse porte sur la production de l’expérience des violences sexuelles dans le contexte français actuel. J’ai mené un terrain ethnographique en île-de-France auprès de professionnel-le-s et de femmes victimes de violences sexuelles et conjugales dans leurs démarches de demande d’aide (soin, séparation, divorce, demande de protection judiciaire) et leur vie quotidienne. Mon travail s’inscrit dans les recherches anthropologiques sur l’ordinarité des violences sexuelles. Il vise à démontrer l’importance des responsabilités matérielles, des ressources d’existences, et des procédures institutionnelles, dans la constitution de l’expérience des violences sexuelles. Mes données, issues du travail quotidien des professionnel-le-s, et de la vie quotidienne des femmes victimes, révèlent que ce qui importe pour les victimes ne se limite pas au trauma, qui est un registre dominant d’interprétation des violences sexuelles. Les registres discursifs pragmatiques - non-traumatiques - que j’ai souvent entendus au fil de mes interaction avec les femmes que j’ai suivies ne témoignent pas de « déni » ni de « minimisation » de la gravité des actes, mais révèlent les contraintes matérielles, affectives, institutionnelles, et les responsabilités qui les affectent et jouent dans leurs interactions avec les réponses institutionnelles à leurs difficultés. Si ces registres ordinaires sont jusqu’à présent moins mobilisés que celui du trauma, ils peuvent néanmoins contribuer à politiser la question de la prise en charge des violences sexuelles.
Mots clés : viol, violences conjugales, violences sexuelles, trauma, ressources d’existence, responsabilités.